Nutri-score : j’y vais ou je n’y vais pas ?

Publié le 27 juillet 2018

Regards d'expert

Pour rendre accessible et claire l’information nutritionnelle pour les consommateurs, le PNNS a mis en place un logo qui peut désormais être apposé sur les emballages des produits alimentaires. Il permet de classer les produits selon leur qualité nutritionnelle : A pour les produits les plus favorables (riches en fibres, protéines, fruits et légumes et pauvres en acides gras saturés, sucres et sel) et E pour les moins favorables. Cela concerne les produits alimentaires transformés et boissons non alcoolisées. Seules quelques catégories sont exclues (herbes aromatiques, thés, cafés, levures, etc.). Plus de détails sur sa mise en place dans notre article.

 

 

Contrairement au tableau des valeurs nutritionnelles qui est obligatoire sur la plupart des produits alimentaires (règlement INCO), l’utilisation du Nutri-score est optionnel. Il revient à chaque acteur de décider s’il souhaite l’utiliser ou non. Mais alors, comment choisir ?

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Pourquoi y aller ?

  • Des preuves de l’impact sur la consommation

Avant sa mise en place officielle en avril 2017, le système Nutri-score a été testé en comparaison avec d’autres modèles. Conclusion : en étant plus attentifs et mieux informés, il a été constaté que les consommateurs achètent des produits de meilleure qualité nutritionnelle. En parallèle, des tests en laboratoires menés auprès de plus de 800 participants ont mis en évidence l’efficacité du système, notamment auprès des consommateurs avec de faibles revenus. Plus récemment, début 2018, Leclerc a mené une étude auprès de 300 000 clients en drive pendant 3 mois qui a conclu que la présence des pictogrammes modifie bien les habitudes d’achat de ses clients : le profil nutritionnel des paniers s’améliore de 10 %. L’impact observé est encore plus fort chez les populations défavorisées chez qui ce chiffre atteint 13 % et chez les plus de 50 ans chez qui il est de 12 % (source : linéaires.com).

  • Suivre la tendance

A ce jour, 65 entreprises sont engagées dans la démarche (source : theconversation.com), parmi lesquelles on retrouve des industriels (Danone, Bonduelle, McCain, Fleury Michon…) et 4 acteurs de la grande distribution (Leclerc, Auchan, Intermarché, Casino). Ces marques considèrent que ce nouveau système officiel s’adapte à leur ambition d’informer et de guider les consommateurs de manière simple dans leurs choix alimentaires. Danone affirme par exemple sur son site dan-on.com : « En 2018, Danone s’engage donc à déployer progressivement le logo Nutri-score sur l’ensemble de ses produits laitiers avec un objectif de couvrir 100 % de nos emballages avant fin 2019. Les classements de nos produits sont dès à présent visibles sur notre site dan-on. ».

  • Montrer son engagement en matière de santé publique

Les marques sont en recherche de nouveaux moyens pour montrer leur implication en santé publique et le fait de s’engager dans le Nutri-score est un bon outil pour le faire. Difficile de faire l’impasse sur le fait que les consommateurs sont de plus en plus intéressés par le contenu de leur assiette et cherchent à comprendre ce qu’ils consommen. Ils favorisent naturellement les marques les plus engagées dans ce sens. Les médias s’intéressant largement au sujet, le Nutri-score est arrivé aux oreilles du grand public par ce biais et va continuer à faire du bruit rapidement. Pourquoi donc ne pas profiter de cette notoriété naissante pour faire passer des messages sur la qualité nutritionnelle de vos produits ?

  • Comment faire pour se lancer ?

En termes de méthodologie :

  1. Vérifiez que vous êtes éligible au dispositif Nutri-score
  2. Déclarez votre intention d’utiliser le dispositif Nutri-Score en vous enregistrant sur le site Santé publique France
  3. Transmettez les informations nutritionnelles des produits concernés par l’usage du Nutri-score à l’Oqali
  4. Apposez le symbole graphique du Nutri-Score sur vos produits

(Détails de la procédure sur https://www.economie.gouv.fr/entreprises/nutri-score).

Mais ne vous contentez pas de cette simple procédure : la mise en place du Nutri-score doit se faire en parallèle d’une éducation du consommateur sur le sujet. Il convient d’expliquer le choix de cet engagement dans le contexte de débat actuel et de justifier les notes moins bonnes potentiellement affichées. La communication peut se faire directement on-pack, de manière digitale (site, blog, boutique en ligne), ou encore lors d’opérations en magasin.

Prenons un cas pratique : Fleury Michon qui s’est lancé dans le système de Nutri-score depuis mai 2017 et pour qui le logo apparait progressivement sur les produits en rayon. Aujourd’hui « 39 % des produits Fleury Michon sont en A et B ; 51 % en C. Sur les plats cuisinés, 78 % des produits sont en A et B ». La marque communique de manière très transparente à ce sujet et précise « Quelques recettes resteront D ou E car dans l’alimentation tout est une question de variété et de quantité ! ». Tout en assumant ces produits classés comme moins bons, ils mettent en avant leur démarche d’amélioration « Nous allons poursuivre nos efforts de réduction des matières grasses et de sel, ou encore proposer plus de légumes dans nos recettes, pour viser une majorité de A ou de B ». (Source : https://www.fleurymichon.fr/fleury-michon-met-en-place-le-nutri-score).

Pourquoi ne pas y aller ?

  • Coût de mise en place

Les coûts impliqués ne sont pas négligeables et doivent être bien anticipés. La plupart des marques qui décident de se lancer le font d’ailleurs de manière progressive. Aux coûts des équipes qui travaillent sur le sujet s’ajoutent celui de la modification et de la réimpression des packs ; celui du retravail des recettes pour améliorer le score obtenu ; et celui de la communication autour de la démarche, fortement recommandée.

  • Stigmatisation de certains produits

Le système, par sa simplicité, a tendance à stigmatiser directement et systématiquement certaines catégories de produits (sucrés et gras), sans nuancer par les notions de fréquence et de quantité de consommation, pourtant primordiales dans l’équilibre alimentaire.

Malgré son adoption officielle, les débats autour du Nutri-score ne sont pas terminés ! En réponse à ce système, 6 groupes industriels ont annoncé travailler sur un système différent : le Nutri-couleurs, il s’agit de Coca-Cola, Mars, Unilever, Nestlé, Mondelez et Pepsico (plus vulgairement nommés les « Big 6 »). D’après le directeur général en charge de la communication consommateurs chez Nestlé, Jérôme François, « Pour nous, ce système est le plus utile pour le consommateur avec un code, une couleur et une information chiffrée pour chaque nutriment. Par ailleurs, il ne stigmatise pas un produit par rapport à un autre ». Notons que ces 6 industriels représentent en cumulé 12 % du monde alimentaire (source : lsa-conso.fr). Jérôme François ajoute « Pour nous qui sommes présents à l’étranger, un logo unique est plus pertinent et plus facilement réalisable. Par ailleurs, le Nutri-score doit encore être accepté au niveau européen ». Ce système Nutri-couleurs, moins sévère pour les produits gras et sucrés, est d’ailleurs poussé par la fédération des produits de l’épicerie Alliance 7 qui représente les professionnels de la confiserie, des céréales du petit déjeuner et des biscuits et gâteaux.

  • Un système simpliste ?

L’autre critique que l’on retrouve est le fait que le système Nutri-score ne prend pas en compte le niveau de transformation ou de naturalité des aliments, la présence d’additifs ou encore la qualité des ingrédients des recettes. Cependant il serait aujourd’hui difficile d’avoir un outil officiel aussi complet étant donné la complexité de l’approche et le manque de recul sur l’impact sur la santé de ces aspects.

Notons par ailleurs que si l’on souhaite avoir un système clair et facile à comprendre pour le consommateur (seul moyen d’observer un impact sur la consommation), il faudra forcément simplifier les données scientifiques à un moment donné.

  • Approche médicalisée de l’alimentation

On peut aussi ne pas être tenté par le Nutri-score à cause de la sensation de médicalisation de l’aliment, ce qui n’est pas l’ambition de toutes les marques en fonction de leur positionnement. Cependant, gardons en tête que le marché et la demande des consommateurs évoluent rapidement, nous vivons une époque où le grand public souhaite de plus en plus être informé sur les produits qu’il consomme et se sentir acteur de ses choix alimentaires.

 

Faites confiance à un expert pour vous guider

Y aller ou non, comment décider ? Bien sûr il n’existe pas de réponse générique et le choix doit être fait de manière réfléchie par chaque marque en fonction de son offre de produits, du positionnement de sa marque et de ses ambitions. Si vous hésitez encore, n’hésitez pas à faire appel à un consultant spécialisé : Nutrikéo, expert en stratégies nutrition, vous guidera et vous aidera à prendre la bonne décision. Pour aller au bout de la démarche, nous vous accompagnerons aussi dans la mise en place opérationnelle de votre choix.

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A propos de l'auteur

Juliette

Directrice du pôle food, elle voit venir les tendances de grande consommation avant tout le monde 😉.
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